C’est vrai que l’un comme l’autre excellent dans cet exercice de style, fignolé à la plume non moins talentueuse de la charmante et espiègle Salomé Lelouch, respectivement fille et belle-fille dudit couple. On reste là en famille, me direz-vous, mais croyez-moi, cela a ses avantages et ses inconvénients…

Comme le dit l’autrice : «J’aime jouer sur les aléas du quotidien, mais est-ce bien nécessaire de tout commenter et d’avoir un avis sur tout… ? »

Voilà tout le sujet de Fallait pas le dire, pièce conçue comme de courtes pages de la vie presque ordinaire d’un couple, que l’on tourne et retourne une par une pendant une heure vingt. Ici on déballe et on égratigne certes, mais avec réflexion, méthode, autodérision, humour et affection. La force de ce surprenant texte atteste à l’évidence, un bien long vécu. Très vite, on comprend que le couple à la ville et sur les planches, sait de quoi il parle et comment il le joue.

Chez les Arditi, Bouix et Lelouch, on n’apprend pas à l’abeille comment fabriquer le miel.

Les thèmes d’hier et d’aujourd’hui évoqués, débattus et disputés avec ces zestes de mauvaise foi, d’exagérations, de gros et petits mensonges, de vérités et contrevérités, suffisent à nous renvoyer une bonne dose d’amusants et décapants reflets de nos universels états d’âme.

Grâce à la mise en espace épurée et minutieusement pensée, le jeu des comédiens complices n’en est que plus percutant. Le public ne s’y trompe pas, Salomé Lelouch et sa co-metteuse en scène, Ludivine de Chastenet, ont réussi là avec brio, à nous faire bien rire et réfléchir au cœur de ces jubilatoires, drôles et intelligentes confessions presque intimes. Rideau.