Mon agent avait convenu d’un rendez-vous entre Didier et moi. Je l’ai attendu une heure puis tout s’est enchaîné très vite. Il s’est dirigé vers moi avec ses lunettes de soleil sur les yeux et m’a demandé cash : « Pourquoi tu veux faire un film sur nous, avec tes films sur les femmes et la taule, le viol etc. Pourquoi tu veux faire un film sur nous, pourquoi on te dirait oui à toi ? ». J’ai ri et on s’est parlé comme deux personnes simples. Je lui ai expliqué que je voulais faire un film sur eux mais pas vraiment un film sur eux… Il m’a coupé : « Qu’est-ce que tu racontes ? Tu veux faire quoi exactement ? ». Alors je lui ai demandé : « Qu’est-ce qu’on a raté pendant 40 ans pour que les gamins partent en Syrie ? ». Il y a un blanc d’un coup. Je lui dis que je voulais faire un film sur les jeunes de banlieue oubliés depuis des années par les politiques. Il me dit : « Tu veux faire ça, tu veux vraiment faire ça ? Ok, je serai ton soldat ». Et il a été mon soldat durant ces deux années de préparation. Il m’a fait un cadeau extraordinaire.

Kool Shen est une personne plus réservée. Il a fallu le convaincre également. Il a fallu un temps d’adaptation mais on a réussi à s’apprivoiser. Au moment du montage, il a vu que ce que je lui avais vendu au départ était vrai. Il a donc été convaincu par le résultat.

Et pour moi, c’est énorme d’avoir l’approbation des deux !