Économie

Côte Basque Madame N°31

Photos © Sébastien Minvielle

Les boss de la nuit

Rencontre avec les boss de la nuit

Textes et Propos recueillis par Christine Vignau Balency

Après de longs mois de fermeture, les clubs de la côte basque ont (enfin) tous rouvert ! Pour malheureusement voir leurs portes dans l'obligation de refermer ce vendredi 10 décembre. Côte Basque Madame en avait profité pour réunir et discuter avec Pierre du Soleil des Antilles (Bidart), Erick et Christian du Jungle Café (Anglet), Luc, Marie-Jo et Jean-Pierre de La Licorne (Bidart), Gaëlle du Duplex (Biarritz), Anthony, Jean-Michel/DJ Marina et Alexandrine du Caveau (Biarritz), Erick du Play Boy (Biarritz) et Loïc du Carré Coast (Biarritz).
Nous tenions à partager avec vous cette rencontre malgré le contexte actuel, en espérant que cette nouvelle fermeture soit la plus courte possible.

Cet après-midi-là, la terrasse de café a des airs de cours de récré, un jour de rentrée. Les patrons et patronnes de boîtes de nuit, mines radieuses, ont tous fait le plein et entendu des « ça fait plaisir de revenir à la maison » et des « vous nous avez manqué » qui leur ont fait chaud au cœur. Après de longs mois de fermeture, les clubs de la côte basque ont (enfin) tous rouvert ! Côte Basque Madame en a profité pour réunir et papoter avec Pierre du Soleil des Antilles (Bidart), Erick et Christian du Jungle Café (Anglet), Luc, Marie-Jo et Jean-Pierre de La Licorne (Bidart), Gaëlle du Duplex (Biarritz), Anthony, Jean-Michel/DJ Marina et Alexandrine du Caveau (Biarritz), Erick du Play Boy (Biarritz) et Loïc du Carré Coast (Biarritz).

Êtes-vous aussi mauvais que votre réputation ? (rires)

Anthony (Caveau) : Ah ben oui, on blanchit de l’argent !

Marie-Jo (La Licorne) : Moi j’étais la blonde qui travaille la nuit, alors imaginez !

Gaëlle (Duplex) : Et ben maintenant c’est moi !

Erick (Play Boy) : Plus sérieusement, on est tous d’accord pour dire que cette réputation sulfureuse est aujourd’hui galvaudée, elle n’a plus lieu d’être. 

Luc (Le Licorne) : On ne s’improvise pas patron de boîte, on doit être sérieux, passer un examen et avoir les reins solides parce que les banques ne nous suivent pas. 

Anthony (Caveau) : Nous n’avons ni crédit, ni droit d’être à découvert. Et un casier judiciaire vierge est exigé.

Erick (Play Boy) : Notre métier s’est considérablement professionnalisé. 

DUPLEX CLUB
Tendance House Music

Créé en 2013, le Duplex Club est ouvert de 23h30 à 6 h. À 46 ans, Gaëlle, passée par Le Havana et Le Bar Basque (Hossegor), Le Café Café, Le Duplex, Le Rooftop Grande Plage et L’Ambassade, en est la directrice. 

« Nous ouvrons une salle en semaine, et deux salles / deux ambiances le samedi soir. Notre playlist est généraliste à tendance House Music. Les nuits sont rythmées par des DJs résidents et de nombreux DJs invités ainsi que des artistes performers (sax, percussions, danseuses…). Notre particularité ? Ce sont nos deux vraies salles avec deux pistes de danse et deux carrés VIP, ainsi qu’un gros budget événementiel pour la programmation artistique. »

 

Sous les arceaux – 24 avenue Édouard VII – Biarritz

Cédric Cappadoro et Gaëlle O'Meyer

Concrètement, vous faites quoi quand vos boîtes sont fermées ?

Tous : On répare les fuites et les petits dégâts, on fait la comptabilité, l’approvisionnement, la mise en place, on calcule les marges, on voit le personnel… En fait, l’organisation est la même que pour n’importe quel chef d’entreprise. 

Luc (La Licorne) : Avec une particularité quand même, c’est qu’il faut être disponible la nuit pour les clients et le jour pour les fournisseurs.

Marie-Jo (La Licorne) : Oui, mais il y a un avantage, c’est que grâce à ce rythme-là, pour ma part, j’ai pu voir mes enfants grandir. J’étais là pour le petit déjeuner et à nouveau disponible pour la sortie scolaire.

Luc (La Licorne) : Moi c’était plutôt l’inverse, à l’époque, on passait la journée à coller des affiches et déposer des flyers dans les bars…

Erick (Play Boy) : Maintenant ce sont les réseaux sociaux qui nous prennent du temps.

Loïc (Carré Coast) : Moi, c’est différent, en semaine, je gère une entreprise dans le bâtiment, qui dispose de huit points de vente et d’une soixantaine de salariés. 

LE SOLEIL DES ANTILLES
Tropical, musical, convivial

Le Soleil des Antilles est une rhumerie, bar à cocktails, bar d’ambiance avec piste de danse, ouvert du mercredi au samedi soir avec des thèmes différents : latino et cubain (mercredi, jeudi), généraliste (vendredi), afro, latino et caribéen (samedi) et danses de salon (dimanche après-midi). Des concerts de jazz, avec un trio local accueillant un guest national ou international, et une formule tapas sont organisés tous les deux mois. 

Pierre Chevalier, 62 ans, ancien animateur radio, DJ et responsable commercial, en est le gérant : « Le Soleil des Antilles est la plus ancienne rhumerie de la région, ouverte depuis 1954. Elle accueille tous les publics, danseurs et générations dans la convivialité. »

Avenue Cumba
D810 – Bidart

Pierre Chevalet

Quel est le rôle des boîtes de nuit ?

Pierre (Le Soleil des Antilles) : Nous sommes le lien social et la convivialité.

Marie-Jo (La Licorne) : On fait psychologue et assistante sociale. 

Erick (Play Boy) : On est là pour que la fête se passe le mieux possible. Regardez ce qu’il s’est passé pendant un an et demi, c’était anarchique, on a alors espéré que les autorités comprennent notre rôle de canalisateurs. On n’est pas des fauteurs de trouble, on a le même intérêt que les autorités, on est partenaires.

Loïc (Carré Coast) : Notre rôle est de divertir une grande partie de la population, de tout âge. Les gens ont besoin de son qui tape.

Alexandrine (Caveau) : Oui, satisfaire l’envie de faire la fête surtout. 

Gaëlle (Duplex) : Et puis les boîtes offrent des rencontres imprévues, des moments plus forts. La nuit, les masques tombent, on ne sait pas qui est directeur, étudiant, chef, employé… On est juste ensemble pour s’amuser.

Erick (Play Boy) : La nuit, tout est plus intense, on est un exutoire.

Marie-Jo (La Licorne) : Oui, dans l’obscurité, les personnalités sont parfois exacerbées.

LE CAVEAU
Ambiance très festive

Cette mythique discothèque compte deux espaces / deux ambiances. Ouverte 7 jours sur 7, toute l’année, elle attire une clientèle de plus de 25 ans, gay friendly. DJ Marina y passe des tubes des années 80, du disco et d’autres styles.

Anthony Sincholle, 44 ans, a évolué dans le monde de la restauration avant d’en devenir le gérant en juin 2016. « J’adore faire la fête, j’en avais marre de dépenser des fortunes donc on a racheté le Caveau avec ma sœur Alexandrine, c’est plus simple » plaisante-t-il.

La discothèque vient de fêter ses 42 ans et la volonté de ses gérants est claire : respecter l’histoire de la boîte et faire perdurer son image.

4, rue Gambetta – Biarritz

Jean-Michel / DJ Marina et l'équipe du caveau

Du coup, vous devez avoir d’excellentes anecdotes…

Tous : Oh la la oui !

Pierre (Le Soleil des Antilles) : Un de mes clients, entre deux danses, écrivait des poèmes sur le comptoir. 

Jean-Michel/DJ Marina (Caveau) : Chez moi récemment, une cliente a fini la soirée en culotte… Elle avait enlevé son pantalon par défi puis se l’est fait voler !

Erick (Jungle Café) : Je pense à un client qui poussait le mur en pensant pousser la porte de sortie…

Gaëlle (Duplex) : On en parle de la femme qui s’est mise entièrement nue, dans mon établissement, le jour de la réouverture ?

Marie-Jo (la Licorne) : Oh, et quand notre barman, voyant une souris sur le comptoir, se presse de l’éliminer et que, quelques instants plus tard, une cliente lui demande s’il n’a pas vu sa souris, son animal de compagnie quoi ! 

LA LICORNE
L’atmosphère des années 80

Depuis près de 20 ans, la discothèque la Licorne est dirigée par trois associés : Luc, Marie-Jo et Jean-Pierre. Marie-Jo travaillait à la Licorne depuis 1980 ! Jean-Pierre, lui, tenait une discothèque sur la corniche et ils se sont associés plus tard pour tenir un restaurant, un bar, un piano-bar, puis la Licorne où Luc s’est joint au binôme.

« Nous avons toujours souhaité recréer l’atmosphère particulière des années 80, de proscrire rap, raï, ragga, et de privilégier les trentenaires et plus, car nous-mêmes ne savions pas où sortir avec nos 50 ans. Chez nous, la musique est diffusée uniquement sur la piste pour pouvoir bavarder plus loin, et nous avons toujours des slows pour pouvoir draguer ! La clientèle s’est considérablement rajeunie mais les plus âgés continuent à y trouver bon accueil et ambiance bon enfant. »

50 avenue du Plateau – Bidart

Jean-Pierre, StéphaneLacaze et Luc Paulme

Il y a de belles histoires aussi j’imagine

Tous : Oui ! On est même « Tournez manège » parfois, on est invités à des mariages de clients, à des baptêmes aussi. On voit défiler les générations, c’est émouvant d’ailleurs.

Loïc (Carré Coast) : J’en suis l’exemple ! J’ai rencontré ma femme Marianne au Carré Coast. J’étais avec des collègues, elle était avec ses copines. J’ai attrapé son numéro, on s’est revus, et maintenant, on a deux enfants, et on a acheté la boîte !

« On est tous des épicuriens, on aime la vie, on aime les gens »

JUNGLE CAFÉ
Un décor de cinéma

Le Jungle Café est un restaurant discothèque de musique généraliste qui touche toutes les tranches d’âge. Y sont organisés des anniversaires, EVJF et EVJG, départ à la retraite, mutation, promotion d’équipe de sport… Bref un lieu « mené en bon père et bonne mère de famille »… Oui, parce que depuis 2006, le Jungle Café est une affaire familiale tenue par Erick (créateur de l’Eden Café au BAB2, du Rio Grande Saloon, de la pizzeria Dole Vita…), sa femme Nathalie (qui gère la cuisine, les soirées, la clientèle) et le frère de celle-ci, Christian (DJ depuis 1978, avec une playlist généraliste).

« Nous sommes un endroit de fête, dans un décor de cinéma qui fait référence à six films, Indiana Jones, King Kong, Tarzan, Crocodile Dundee, Saga Tintin, À La Recherche Du Diamant Vert. »

18 rue des Barthes – Anglet

Christian Martin, Nathalie & Erick Ducournau

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

Marie-Jo (La Licorne) : Compter la caisse (rire général).

Luc (Jungle Café) : Voir les clients sourire et s’éclater.

Jean-Michel/DJ Marina (Le caveau) : Savoir que les gens ont passé une bonne soirée.

Gaëlle (Le Duplex) : Je suis très portée sur l’artistique, donc quand j’ai réussi à faire le déroulé souhaité, je suis contente.

Pierre (Le Soleil des Antilles) : Voir le DJ et le public en osmose.

Loïc (Carré Coast) : L’adrénaline. C’est un métier speed où la majorité du chiffre d’affaires se fait entre 1h et 3h, il faut être à fond, régler les soucis en gardant le sourire. 

LE PLAY BOY
Un demi-siècle de vie nocturne

Ouvert depuis 1963, le Play Boy est l’une des plus anciennes discothèques de la région. Plusieurs DJ’s et guests se succèdent aux platines pour des ambiances différentes chaque soir, parfois jeune et pointue, parfois plus généraliste. Ici, un seul mot d’ordre quel que soit son âge : aimer faire la fête ! 

Erick, 50 ans, est associé et directeur de l’établissement depuis 1992 : « En 1979, l’établissement est racheté et modernisé par mon père. L’ambiance de fête y est incroyable. On y croise des surfeurs, la haute bourgeoisie locale et de nombreuses célébrités… C’est donc d’un endroit mythique dont j’ai hérité, à 21 ans, après la disparition soudaine de mon père. En 2022, cela fera 30 ans que nous nous occupons du Play Boy, et que nous participons à tous les grands événements biarrots. »

15 place Georges Clemenceau – Biarritz

Erick Leroy

Un petit conseil pour vos futurs clients ?

Gaëlle (Le Duplex) : Depuis la réouverture, les clients viennent plus tôt, ce qui nous permet de mieux les accueillir, et de remplir plus sereinement l’établissement. Donc voilà mon message, n’hésitez pas à venir avant minuit, pour boire un verre, écouter de la musique, danser et rentrer à 2h si vous voulez. 

Erick (Play Boy) : Faites-nous confiance. Les discothèques ont encore de belles nuits devant elles. La fête sur la côte basque n’est pas près de s’arrêter, nous y veilleront, comme nous le faisons depuis des années…

CARRÉ COAST
Le renouveau

Depuis 2020, le Carré Coast est géré par Marianne, 37 ans et Loïc, 36 ans, qui se sont rencontrés en 2010… ici même ! Jean-Christophe est le responsable d’exploitation (accueil de la clientèle VIP, direction d’équipe…). Le club possède deux salles : la première propose une ambiance cosy et festive, avec une musique éclectique et un carré VIP donnant sur la grande plage. La seconde rassemble les amateurs de musique électro. 

L’établissement est ouvert du jeudi au samedi soir en période hivernale, 7j/7 l’été, et les veilles des jours fériés. « Pas toujours facile à gérer avec mon travail en semaine, et nos deux enfants de 8 ans et 8 mois, mais nous sommes un couple d’acharnés de travail et nous avons toujours rêvé d’avoir un commerce à Biarritz. »

7 boulevard du Général de Gaulle – Biarritz

J.C Kowalski, Marianne Laher et Loïc Juschka
  • CBM ABONNEMENT 300X60 MAG 40-2
  • BANNIERE LATERALE 10 ANS

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