Bien-Être

Cosmétiques : halte à l’intox plastique

On parle de plus en plus souvent de la pollution plastique, notamment de la plus visible : celle du macro-plastique ramassé en grandes quantités sur nos plages. Mais qu’en est-il de celui que l’on ne voit pas ? Zoom sur les microbilles et les nanoparticules présentes dans certains cosmétiques. De nombreux produits concernés  On le sait : les …


On parle de plus en plus souvent de la pollution plastique, notamment de la plus visible : celle du macro-plastique ramassé en grandes quantités sur nos plages. Mais qu’en est-il de celui que l’on ne voit pas ? Zoom sur les microbilles et les nanoparticules présentes dans certains cosmétiques.

De nombreux produits concernés 

On le sait : les cosmétiques industriels ont un impact néfaste sur l’environnement. Mais pas seulement en raison de leurs emballages en plastique très rarement recyclés, mais en raison de leur petite taille. Certains produits cosmétiques tels que les shampoings, gels douche et articles de maquillage contiennent des particules de plastique invisibles ou quasi-invisibles à l’œil nu, parfois même sous forme de gel ou liquide. La France s’est fort heureusement emparée de la question. Une première victoire a été obtenue en janvier 2018 grâce au vote de la loi sur la biodiversité, interdisant l’utilisation des microbilles de plastique par les industriels. Pour autant, cela ne signifie pas la disparition du plastique au rayon des cosmétiques, ni la fin de ce problème planétaire. Julien Kaibeck, fondateur de l’association Slow Cosmetic, met en garde : « Aucune loi ne tient compte des silicones et autres plastiques « liquides » présents dans beaucoup de cosmétiques à rincer ou dans le maquillage (…) pour leur propriétés antistatiques ». Si la loi française interdit désormais aux industriels d’utiliser des microbilles de plastique, elle concerne essentiellement les produits à rincer dans lesquels ces billes étaient intégrées pour leur action mécanique exfoliante à bas coût. Selon les associations environnementales, de nombreux autres types de produits contiendraient des nanomatériaux et paillettes synthétiques, mais aussi des macromolécules telles que les polymères d’acrylate de la famille des vinyles. Sont concernés : les produits pour le bain, les crèmes, gels et lotions hydratantes pour tous les âges, dont les bébés, le fond de teint, le mascara et même les parfums. Or, comme le souligne Tracey Read, dirigeante de l’ONG Plastic Free Seas : « Il a été démontré que les particules nanoplastiques pénètrent dans les cellules à un niveau moléculaire, ce qui est bien sûr préoccupant. ». D’autant plus préoccupant lorsque l’on sait que certaines de ces substances telles que les silicones dites linéaires sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens. La toxicité des acrylates pour les organismes vivants est, quant à elle, plus préoccupante encore, la dégradation de ce type de polymère dans l’environnement étant réputée lente et difficile.

Les microplastiques dans la chaîne alimentaire

Mais pourquoi utilise-t-on donc du plastique dans nos cosmétiques ? C’est la qualité hautement malléable des plastiques ajoutée à leurs propriétés « glissantes » qui permet à nos produits de s’étaler sur la peau d’un geste fluide et rapide. Des propriétés qui font de ce type d’ingrédient polémique le chouchou de 95 % des marques cosmétiques conventionnelles.Cette pratique a de lourdes conséquences sur la faune et la flore. Après avoir été au contact de notre peau, ces microplastiques se retrouvent dans les eaux usées. Leur petite taille ne leur permettant pas d’être re-traités, ils se retrouvent à terme dans l’océan et les cours d’eau. Ingérés par la faune aquatique, nos cosmétiques se retrouvent ainsi dans la chaîne alimentaire… et dans notre assiette. « Des recherches publiées ont souligné les effets néfastes de l’ingestion de microbilles et de leurs additifs sur des espèces d’animaux planctoniques, de bivalves et de poissons. Plus on s’élève dans la chaîne alimentaire, plus les effets sont amplifiés car le plastique ingéré est bioaccumulé tout au long de la chaîne alimentaire », explique l’experte Tracey Read.

Comment les éviter ?

Pour vérifier que vos produits en sont exempts, vous pouvez consulter la liste diffusée sur le site internet de la coalition « Beat the Microbeads » (Vaincre les microbilles). Depuis 2012, l’ONG Plastic Soup qui coordonne cette campagne développe quelques outils pour les consommateurs. Les composants à éviter sont le polyéthylène (PE), le polyéthylène téréphthalate (PET) et les acrylates copolymer. Ces derniers étaient jusqu’à très récemment utilisés dans les produits de marques prestigieuses telles que Maybelline, L’Oréal ou encore Clinique. Pour éviter tous les « suspects », elle donne le conseil suivant : « Écarter tous les composants ayant une terminaison en -one, -oxane, -siloxane, -polymer-, -vinyl ou encore les mots composés avec -co-polymer- , -acrylate- , -polyquat- ainsi que la plupart des mots contenant -carbomer ». Si ces recommandations vous semblent difficiles à retenir, n’hésitez pas à vous faire aider d’une appli comme Beat the Microbead qui permet de scanner le code barre du produit avec l’appareil photo du téléphone. Mais attention, tous les produits n’y sont pas. Autre possibilité : choisir les produits certifiés bio et labellisés (Cosmos, Cosmebio, Ecocert, Natrue) qui garantissent l’absence de ces composants, interdits par leurs cahiers des charges.

L’avis de l’experte, Tracey Read de l’association Plastic Free Seas
Que faire de ses vieux produits ?

« Malheureusement, il n’y a pas d’autre recours que de les mettre dans ses déchets ménagers qui seront soit mis en décharge, soit incinérés. Il ne faut surtout pas les vider dans ses canalisations. Nous conseillons aussi le renvoi à l’expéditeur, surtout quand il s’agit d’un produit qui n’est pas concerné par l’interdiction, tel que la plupart des produits de maquillage. Cette action écoresponsable montre aux entreprises que leurs clients sont informés et engagés. »

Bon à savoir : Les cosmétiques bio proposent désormais des gommages efficaces à base de noyaux de fruits ou d’autres types d’exfoliants d’origine végétale ou minérale. Les amateurs du fait maison peuvent directement utiliser du marc de café, du sucre ou du sel ! Savonnez la partie du corps à exfolier, gommez, puis rincez. Pour une utilisation plus pratique, ces particules exfoliantes peuvent même être mélangées à du miel qui jouera son rôle de gel pour tenir l’ensemble.

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