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Côte Basque Madame n°33

© Sébastien Minvielle

INTERVIEW

L’océan intérieur de Diane Ducret

Propos recueillis par Malika Guillemain

La romancière et philosophe franco-belge a publié Le Maître de l’océan chez Flammarion : un roman sous forme de fable universelle qui invite à mieux traverser les épreuves de la vie grâce au sentiment océanique. Rencontre iodée et inspirante avec celle qui est arrivée à l’âge de trois ans à Biarritz.

INTERVIEW

Dans ce livre, vous faites le récit du voyage jusqu’au Mont-Saint-Michel d’un orphelin chinois appelé à devenir moine taoïste. Comment est né ce roman initiatique ?

Diane Ducret : Ce livre est né d’un vrai besoin : au début du confinement, lorsque le monde s’est immobilisé, j’ai vu mes contemporains être en souffrance. J’ai eu la chance d’être confinée à Biarritz où j’ai grandi et vis une majeure partie de l’année, et de ne pas trop en souffrir car j’avais l’océan à l’intérieur de moi. Au moment de la pandémie, je devais également livrer un combat difficile contre une maladie. Enfant, j’ai dû quitter mon pays et mes parents. Très jeune, jai eu un accident de cheval qui ma contrainte à me battre plus de dix ans pour marcher à nouveau. Comme le personnage du roman, je me suis toujours sentie en exil. Le fait davoir été longtemps immobile m’a fait voyager à l’intérieur de moi. J’ai développé une sorte de philosophie de la vague qui me permet de mieux traverser les épreuves et d’être heureuse malgré tout. J’ai eu envie de la partager.

En quoi consiste cette philosophie de la vague ?
Lorsqu’une épreuve arrive, tout comme un mur d’eau dans l’océan, on a souvent tendance à vouloir fuir et s’échapper. Or, il faut faire l’inverse : avancer vers la vague, plonger dessous et la traverser. Il y a toujours un moment où le calme revient. C’est une métaphore d’un positionnement dans la vie. Une fois que l’on apprend à faire cela, on devient soi-même la vague. Le philosophe Spinoza (du 17e siècle, NDLR) parlait déjà du sentiment océanique : ce sentiment d’angoisse face à l’immensité de l’océan mais pour soudain réaliser que nous sommes en communion avec lui car faits de la même matière et de la même respiration. Locéan peut être un grand maître de méditation.

Dans votre quotidien, quel est votre rapport à l’océan ?
J’aime surtout le contempler, je marche chaque jour longuement au bord de l’eau, sans téléphone, sans musique. Il est sensoriel et corporel. J’aime l’idée d’être soi en présence de l’eau, sans chercher à forcer sa respiration ; l’eau le fait pour nous et lave un peu tout. C’est ce qui m’a donné cette résistance, cette résilience. 
Plus jeune, vous aviez une passion pour les chevaux, vous faisiez de la compétition équestre. Votre point d’ancrage venait plutôt de la terre ?
À cheval, on ressent la même chose que lorsque l’on est dans l’océan. Le cheval est également quelque chose de vivant, d’imprévisible avec sa volonté et son énergie propre. Comme le surf, le cheval demande l’équilibre, c’est une question de mouvement. Un galop ressemble à une vague, le cheval ondule. 

Dans votre livre, pourquoi vous être inspirée du taoïsme ? 
Je me suis penchée sur le taoïsme, mal connu chez nous, pour qui leau est un principe fondamental. De plus, je suis favorable à une recherche d’harmonie et d’équilibre que l’on retrouve dans sa philosophie. Aujourd’hui, la société a tendance à vouloir supprimer toute forme de pensée négative ; il faut être dans la communication positive, dans la résilience. Pour moi, l’idée n’est pas de nier le négatif mais juste de chercher à lui mettre autant de positif en face. La sagesse consiste à accepter des courants contraires. Kant disait que lon reconnaît un grand esprit à sa capacité de supporter à lintérieur de lui de grands paradoxes. 

Par exemple ?
On peut aimer beaucoup de parties en nous et en détester d’autres comme des addictions, des T.O.C, des tendances à répéter des schémas pour lesquels on s’en veut beaucoup. Et si nous apprenions à être fier de nos qualités et à cultiver notre positif ? On ne peut pas éradiquer notre côté mauvais mais on peut arrêter de lui donner à manger pour, à la place, nourrir notre positif. Ce faisant, nos pensées positives fleurissent et nos pensées négatives perdent de leur vitalité et dépérissent. Vouloir devenir super est trop culpabilisant, c’est s’amputer, s’attaquer à soi-même. Cherchons plutôt à être à l’équilibre. C’est comme cela que notre algorithme intérieur change de lui-même et que notre cerveau va nous proposer autre chose.  

Diane Ducret

 

 

” Lorsqu’une épreuve arrive,

tout comme un mur d’eau dans l’océan,

on a souvent tendance à vouloir fuir et s’échapper.

Or, il faut faire l’inverse :

avancer vers la vague, plonger dessous et la traverser. “

Interview réalisée à la Maison Rouge : location d’espaces de travail, évènements, organisme de formations certifiées Qualiopi notamment avec des écrivains.

20 avenue de la Reine Victoria à Biarritz
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