Une démarche singulière et des créations originales ont permis au jeune créateur de mobilier et objets en bois Quentin Delion de se faire un nom dans le paysage du design au Pays basque.
Côte Basque Madame est allé à sa rencontre au creux de son atelier à Bidart.

Designer, créateur, artisan, Quentin ne se définit pas lui-même, par humilité sans doute. Il entre derrière son sourire, les cheveux en bataille et le regard curieux.
Il y a du bois partout autour, de lourdes machines, des croquis et une certaine odeur de sève, d’arbre tout juste
coupé.
Tout a commencé par un choix, une sortie de collège volontaire vers la professionnalisation. Parce qu’un peu trop manuel, touche-à-tout et peut-être un peu trop rêveur, il choisit un lycée des métiers d’art.
Parfois une passion naît d’inattendus, de simples gestes et de découvertes. C’est une certitude, Quentin aime le bois. Alors, puisque c’est ainsi, Quentin l’apprivoise, il apprend. La menuiserie d’abord, la technique et le savoir-faire, la base en somme. Puis la productique, le dessin sur ordinateur, nécessaire.
Il répond à des commandes d’entreprises diverses, mais aussi à des particuliers. Il se perfectionne, construit des maisons, travaille pour la ville de Biarritz, collabore avec des artisans ou des maisons d’édition, Designa entre autres.
Et puis vient le temps des voyages en solitaire. « C’est là que
j’ai compris que je voulais créer, le travail du bois me manquait ».
Alors, de retour au pays, dans son petit garage, le soir, le jeune blond se met à inventer. Il dessine, il scie, il rabote, il
ponce… Et ça marche, les commandes s’enchaînent.

En 2015, Quentin trouve un atelier à Bidart et lance le Studio Delion.
Il y développe son univers et construit sa singularité. Son tabouret à bascule voit le jour, un joli succès qui révèle sa signature, un certain goût des choses simples et de la beauté utile.
Quentin imagine aussi des petits objets, des pièces accessibles, travaillées tout en finesse et précision.
« J’utilise des bois qui viennent de France, de la région principalement, parfois même des jardins de Biarritz », la matière est au cœur sa conception. Il l’explore et la rencontre, comme une émotion.
Il préfère l’authenticité à la quantité : « Je pourrais produire mes mobiliers en Europe, mais je préfère favoriser le circuit local. ».
Du coup, Quentin s’entoure, il collabore et provoque l’harmonie comme avec sa dernière assise imaginée avec la tapissière Sonia Laudet. « J’ai beaucoup appris auprès d’elle, ça ouvre beaucoup de champs d’exploration ».
Oui, la découverte, Quentin, ça le motive : « J’essaie,
je dessine, je teste… J’ai fait des planches de surf qui n’ont même jamais touché l’eau ! ».
Innover, c’est aussi expérimenter, c’est bien là tout le défi.

Aujourd’hui, les planches signées Delion glissent, et même très bien, l’artiste a pris de la graine, les projets foisonnent. Entre commandes et création, Quentin ne s’arrête plus… Enfin si, quelques fois, pour s’inspirer, c’est essentiel.

Des projets pour 2019 ? Oui, il en a plein la tête, une collection de mobilier et de nouvelles collaborations, avec l’artiste Benjamin Artola notamment dont il apprécie tout
particulièrement l’univers.

Mais ce matin sa main est cassée, une mauvaise chute en surfant. Alors, à défaut de produire, feutré dans son atelier, Quentin imagine, Quentin explore, Quentin crée.
Il feuillette ses carnets de croquis et modélise ses envies sur un écran, en couleurs et reliefs. Du design et des idées rêveuses, le début de beaux projets, une certitude !

Texte : Emmy Martens / Photos : Emmy Martens et Quentin Delion