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Cote Basque Madame N°27

Photos : Sébastien Minvielle

Interview

Interview d’Hugo Clément En guerre pour protéger le vivant

Par Alicia Munoz

Incarnant les attentes des jeunes générations en matière de protection de l’environnement, le journaliste Hugo Clément a récemment publié son Manuel de guerre écologique, à la rencontre de ceux qui se battent pour protéger le vivant.

Quel regard portez-vous sur la pandémie et la situation actuelle ?

Je porte évidemment un regard triste sur cette pandémie. Je pense aux personnes qui sont malades, qui perdent leur travail à cause de la crise, qui voient leurs projets s’effondrer…

Un rapport très intéressant rédigé par les experts en biodiversité de l’ONU a été récemment publié sur le sujet. Il dit que si nous ne changeons pas radicalement notre rapport à la nature, ce type de pandémie va se multiplier et qu’elles seront plus meurtrières. On sait depuis longtemps que ce risque existe. Il faut désormais agir sur les causes afin que ça ne se reproduise pas. En protégeant davantage la biodiversité et les habitats naturels, ce qui implique de mieux consommer, que l’on arrête d’être constamment dans l’excès, notamment concernant la pêche, l’agriculture et l’élevage intensifs, l’urbanisation à outrance, etc. 

Tout se joue-t-il vraiment au niveau individuel ?

Le niveau d’action individuel est essentiel mais rien de tout ce que je viens d’évoquer n’est possible si les responsables politiques et les dirigeants de grandes entreprises n’appuient ces décisions. Si rien ne change au sommet de la pyramide et que l’on continue d’encourager un système qui n’est pas viable et qui nous conduit droit dans le mur, rien ne pourra changer. Malgré tout, c’est à nous de peser dans le débat politique, à nous de nous rassembler sous forme d’associations, de nous engager et de continuer à voter, pour montrer que notre voix compte. Il s’agit de faire pression sur ces décideurs sans tout attendre d’eux non plus.

Vous êtes papa depuis peu. Êtes-vous optimiste pour les générations futures ?

J’essaye de rester optimiste même si, soyons francs, on sait très bien ce qui nous attend. Les experts sont unanimes. Nous assistons à un effondrement du vivant. Tout cela est abondamment documenté, chiffré. On se dirige vers une planète plus hostile, pour les animaux, les écosystèmes et donc pour nous, car nous faisons partie intégrante de ces écosystèmes. Dès lors, que faire ? Ce que les dirigeants politiques du monde ont à ce jour enclenché est très largement insuffisant. Cela ne suffira pas à renverser la tendance, ni à changer notre manière d’habiter le monde, malheureusement.

Cette inertie du système en matière de protection de l’environnement ne le remet-il pas en question ?

Je n’ai pas la réponse sur le fait de savoir s’il faudrait changer notre système politique ou économique. Ce qui est certain, c’est qu’il faut cesser de réfléchir aux conséquences électorales et économiques avant de prendre telle ou telle décision. 

Et si on attend de sortir du capitalisme pour agir, il sera trop tard. Les experts disent que nous devons agir sous cinq, six, sept ans. C’est demain ! Faisons déjà avec les outils qui existent aujourd’hui et qui sont pertinents pour légiférer.  On pourrait décider à l’échelle internationale de diminuer les échanges pour les produits non essentiels, de réduire drastiquement la surpêche en limitant les quotas au maximum, d’interdire le trafic d’animaux sauvages, de freiner la destruction de la forêt amazonienne en réduisant les importations de soja… Ce sont des décisions et des choix politiques qui peuvent être pris par les chefs d’État et la Commission européenne. 

En matière d’éco-gestes, freiner sa consommation de viande vous tient particulièrement à cœur…

Notre alimentation est l’un des principaux leviers d’action. On mange généralement trois fois par jour, ce qui en fait l’un de nos principaux postes de dépense. Manger moins de viande et de poisson, manger local, de saison et bio, quand on peut se le permettre, est ce qui va permettre de réduire notre bilan carbone de manière extraordinaire.

[Côte Basque Madame est un magazine local qui vous partage les bons plans du Pays Basque et notamment, de bonnes adresses pour manger local

On ne peut pas lutter contre l’effondrement du vivant et freiner le réchauffement climatique en continuant de manger autant de viande. Nous allons être dix milliards d’êtres humains en 2050 et nous ne pouvons plus continuer dans la direction de l’élevage industriel et de la déforestation. Je rappelle que cet écogeste n’implique aucun bouleversement majeur de son quotidien. Au contraire, c’est économique !

Vous êtes à l’origine de la campagne du « Référendum pour les animaux ». C’est justement pour peser dans le débat que vous soutenez ce type d’initiative ?

Informer et pointer du doigt ce qui va mal c’est bien. Mais aujourd’hui, je pense que ça ne suffit plus. Il faut proposer un journalisme de solution, un journalisme plus engagé. Quand on part sur le terrain et qu’on a la chance d’observer des initiatives qui vont dans le bon sens, il serait dommage de ne pas en faire profiter les autres. C’est aussi pour cela que j’ai décidé d’appuyer l’initiative citoyenne du Référendum pour les animaux. Ce n’est pas du militantisme au sens politicien du terme mais de l’action citoyenne. 

Vous avez publié récemment votre Journal de guerre écologique, vous produisez l’émission Sur le Front… Pourquoi cette rhétorique guerrière ?

Parce que nous sommes sur des problématiques de guerre mondiale. De nombreuses personnes meurent déjà. Que ce soit en subissant les conséquences du réchauffement climatique ou parce qu’elles se battent pour défendre la planète. Les catastrophes climatiques se multiplient, y compris en France. Des fronts se créent partout sur la planète pour protéger ce qui peut être encore protégé. Des personnes s’opposent, parfois physiquement et au péril de leur vie, à ceux qui polluent et détruisent le vivant, qu’il s’agisse de puissances politiques, d’industriels, de groupes criminels… L’enjeu est immense : perdre cette guerre c’est risquer l’extinction. 

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