Sport

Côte Basque Madame N°32

© Laura Hebbel

Engagé(es)

Surfer la vague du changement

Par Alicia Muñoz

Être surfeur tout en étant engagé pour la planète, loin du marketing à outrance et de la consommation de masse, c’est possible. Rencontre avec deux passionnés d’océan qui ont à cœur d’allier la parole aux actes.

La slow life de Léa Brassy

La sensibilité environnementale de Léa Brassy remonte à l’adolescence et à une ren–contre en particulier. « J’ai eu la chance de croiser le chemin d’une dame qui développait un concept d’habitat insolite et alternatif. » Pédagogue, cette dernière partage alors son quotidien écologique avec la jeune Léa. « Je me souviens l’avoir vue confectionner son propre pain et beaucoup d’autres choses par elle-même. » À l’époque, ce mode de vie encore peu répandu sème une graine dans l’esprit de la jeune sportive, qui germera plus tard.

À l’âge de 14 ans, Léa part vivre en Bretagne où elle se découvre une passion pour les sports d’eau ; passion confirmée lors de son année de terminale sur la côte basque en filière sport études. « J’ai découvert le surf avec un shortboard, j’ai fait un petit peu de compétition mais ce n’est vraiment pas ce qui me plaisait. » Léa Brassy aspire alors à autre chose. Plus que la performance technique, elle cherche à se confronter aux éléments et « aux conditions solides » de certains spots isolés. Elle optera alors pour une vie nomade en van.

L'océan comme compagnon de route

Les voyages s’imposent comme une philosophie de vie pour cette férue d’explorationet d’aventures. Quand la marque californienne Patagonia lui propose de rejoindre sa team d’ambassadeurs, Léa se sent enfin alignée : « C’est seulement quand je suis revenue avec l’étiquette Patagonia qu’on m’a prise au sérieux concernant l’écologie ». Elle qui ne voulait pas donner dans le marketing et le consumérisme, se retrouve dans les valeurs de la marque éco-responsable : « J’ai eu l’opportunité de rencontrer des gens proches de la mer mais qui vivent dans une certaine harmonie. On fait partie d’une famille composée de personnes fortes de leurs convictions », précise-t-elle. Et de citer Yvon Chouinard, fondateur de la marque et sa femme : “ce sont des personnes qui te disent des choses logiques et qui savent rester authentiques”.

Léa n’est pas dupe. Surf standardisé et écologie ne font pas bon ménage. « J’ai eu des petits sponsors plus jeune, mais je me suis vite aperçue que je n’avais pas envie de faire partie de tout ça, tout ce qui est commercial est délétère », souligne-t-elle. Alors, en 2019, la nomade prend racine dans le pays de Seignanx. « J’ai eu l’envie de ralentir, de mettre en pratique ce que j’avais appris au cours de mes voyages tout en me reconnectant au vivant. » Aussi, depuis peu, Léa Brassy a même ses propres ruches. Cinq colonies qu’elle a installées dans les Landes et dont elle s’occupe en plus de son potager. « J’ai toujours eu envie de m’occuper des abeilles, c’est un héritage familial et un nouveau défi pour moi », sourit-elle.

Jérôme Junqua à contre-courant

Partagé entre un quotidien de jardinier professionnel et son engagement associatif, Jérôme Junqua met un point d’honneur à réduire son impact environnemental.

Jérôme Junqua n’est pas spécialement fier de ses engagements, ni particulièrement rompu à l’exercice de l’interview. « Mon engagement va peut-être à contre-courant de certains dans le milieu du surf, mais il s’est fait tout naturellement dans ma vie », raconte ce waterman qui a fait de la protection des cétacés et de l’océan, un objectif de vie. Enfant, Jérôme Junqua confie avoir trouvé dans la nature un réconfort « face aux difficultés de la vie ». C’est assez rapidement, qu’il prend conscience de « faire partie d’un tout » et d’une réciprocité nécessaire : « j’avais simplement envie de lui restituer ce qu’elle donne ». Mais Jérôme va plus loin, estimant qu’il faut se sortir d’un rapport anthropocentriste avec le vivant. « Les notions de protection de la nature ou du sauvage, aujourd’hui déclinées à toutes les sauces, me semblent biaisées, analyse-t-il, car l’Homme n’est pas en dehors de la nature ou du sauvage, même s’il faut bien admettre qu’il n’y a plus vraiment de sauvage par ici… » Pour lui, il est temps de cesser cette mise en abyme.

PERMACULTURE, SOBRIÉTÉ ET PASSION

Si ses pratiques de jardinier et la découverte de la permaculture, une philosophie plus écosystémique, lui permettent d’assouvir en partie son besoin d’agir, il constate une certaine inertie des consciences. Alors, en 2008, il décide de partir courir dans l’estuaire de la Gironde afin d’étudier le nombre de dauphins retrouvés morts sur nos plages « juste après la saison des tempêtes ». Une manière d’allier entraînement sportif et bonne action puisqu’il la mène en lien avec l’ONG Sea Shepherd. « Je répertoriais et photographiais les cadavres sur une distance de 100 kilomètres pour aider l’observatoire PELAGIS, situé à La Rochelle, à identifier la cause de ces décès ». Sans surprise, ce sont les filets des chalutiers et les techniques de pêche industrielle qui sont pointés du doigt. « C’est une cause qui m’a beaucoup touché, précise-t-il, d’autant plus que le dauphin incarne quelque chose de très positif dans l’esprit des gens. » Agir en adoptant une consommation moins carnée lui semble aujourd’hui indispensable. C’est l’une des raisons qui l’a poussé à se rapprocher de l’association Itsas Arima (l’âme de la mer, en basque) qui agit localement pour protéger les cétacés présents sur nos côtes et sensibiliser le grand public aux problématiques de surpêche.

Quant au surf, essentiel à son équilibre, son rapport à la pratique a évolué au fil du temps. « Au départ, le surf, ce n’est pas clean, estime-t-il en énumérant un matériel de plus en plus industrialisé. Faire du bodysurf, ça, c’est clean. » Une pratique sans planche qu’il apprécie occasionnellement « pour avoir une meilleure lecture des vagues, du mouvement » et faire corps avec l’océan. Pour faire connaître l’action d’Itsas Arima auprès du grand public, Jérôme a produit un film, réalisé par Lucie Francini. Un court-métrage de douze minutes actuellement diffusé dans plusieurs cinémas de l’Hexagone, en amont du nouveau documentaire Lost in the swell.

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