Économie

Côte Basque Madame N°29

Sur le terrain

SurfRider Foundation sur le Front Littoral Basque

Par Alicia Munoz

Depuis 30 ans, l’ONG, dont le siège est situé à Biarritz, intervient sur de nombreux thèmes en lien avec la protection des océans, dont la qualité des eaux de baignade. Alors que s’ouvre la période estivale, zoom sur cette mobilisation essentielle.

De Surfrider Foundation Europe, on connaît principalement le combat que l’ONG mène depuis les années 90 contre les déchets aquatiques. Ou encore la protection de certains spots de surf de la côte basque  contre des pollutions récurrentes ou localisées. En réalité, Surfrider mène une action plus vaste, à l’échelle européenne, bien loin de se cantonner aux seuls usagers surfeurs. « Le grand public ne nous connaît généralement qu’à travers les Initiatives Océane, grande opération annuelle de collecte de déchets », explique Lionel Cheylus, salarié de l’ONG. « Dans les faits, en plus de sensibiliser sur la pollution des océans de manière large, nous intervenons au niveau européen sur des problématiques comme celle des porte-conteneurs, de l’érosion du littoral et des mesures d’adaptation au changement climatique... » La mission principale de l’association est donc de protéger l’océan mais aussi l’ensemble de ses usagers.

Préserver la santé des usagers

« La préoccupation concernant la pollution des eaux de baignade est apparue quand des surfeurs se sont aperçus qu’ils pouvaient souffrir de réactions cutanées (conjonctivites, etc.), mais aussi d’infections bactériologiques comme la gastro-entérite » retrace Sarah Hatimi, chargé de projet Qualité de l’Eau et Santé. Au départ, l’ONG commence alors à réaliser elle-même des analyses. Sur la côte basque d’abord, puis elle étend son action à d’autres spots européens.
« Depuis plus de 15 ans, Surfrider travaille de manière concertée avec les autorités sur ces sujets, explique Sarah, nous mettons en place des réseaux de surveillance de la qualité des eaux littorales, des lacs et rivières sur des zones d’activités nautiques ». Si la salariée de l’ONG reconnaît de récentes améliorations en matière de pollution bactériologique sur nos plages, elle pointe aussi du doigt les lacunes ; « les plages, en tant que zones de baignade, sont monitorées durant l’été, mais ce n’est pas le cas de bien d’autres zones du littoral ». En France, la pollution bactériologique est effectivement contrôlée durant la période estivale par les collectivités territoriales, sous la coordination des Agences Régionales de Santé. Mais l’ONG s’inquiète de l’absence d’analyses concernant la pollution chimique et la prolifération de certaines algues, liée aux activités industrielles, agricoles et au réchauffement climatique. Un suivi lacunaire dans l’Hexagone mais aussi dans le reste du monde.

Réviser les directives européennes

Forte de ces constats, l’ONG Surfrider Foundation agit également à l’échelle des instances européennes. Elle a récemment coordonné la rédaction d’un manifeste co-signé avec d’autres associations et organisations environnementales, des sportifs de haut niveau et des experts scientifiques. Un document qui décrypte les enjeux autour des directives européennes dédiées à la qualité de l’eau et à l’assainissement. « Il s’agit d’aller plus loin dans la façon de gérer les eaux de baignade, explique Sarah Hatimi, en demandant à ne plus être seulement dans des “solutions pansement” telle que la fermeture préventive des plages ». Surfrider et ses partenaires enjoignent ainsi les députés européens, par l’entremise de ce document, à analyser les causes de pollution « afin d’engager de véritables remises à plat des réglementations en place ».

Sensibiliser pour changer nos habitudes

En guise d’améliorations, l’association suggère l’extension du suivi de la qualité de l’eau à d’autres facteurs de pollution (présence de déchets dans l’eau, prolifération d’algues nuisibles…) et une répartition des prélèvements sur l’ensemble de l’année. Autre axe d’amélioration identifié : une meilleure information des usagers. « L’affichage des informations doit être disponible à l’entrée des sites de baignade et d’activités nautiques récréatives » propose ainsi l’ONG qui souhaiterait voir une signalétique unifiée sur toutes les plages européennes.
A leur échelle, les citoyens aussi peuvent agir : « tout ce qui part dans nos toilettes ou dans nos éviers et lavabos n’est pas traité par les stations d’épuration », rappelle Sarah Hatimi. L’ONG préconise, entre autres, de proscrire les produits chimiques comme le débouche-évier et l’eau de javel qui perdurent dans le milieu naturel. « En clair, tous les produits dits dangereux qui affichent les pictogrammes du crane ou encore de l’arbre et du poisson morts, sont évidemment à proscrire » résume la jeune femme, qui encourage les citoyens à faire leurs propres produits ménagers.

En juin prochain, l’ONG remettra symboliquement son rapport au commissaire européen à l’environnement et à l’océan dans l’optique que soit révisée la directive des qualités des eaux de baignade à l’horizon 2023. Un pas en avant vers des eaux de baignade plus saines ? C’est ce qu’espèrent les défenseurs de l’environnement et une proportion de plus en plus grande de citoyens.

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